Dans la respiration, on retrouve comme un résumé des tensions de l’ensemble du corps en relation avec leur connotation émotionnelle. La particularité de la fonction respiratoire est d’être à la fois entièrement automatique tout en pouvant être aisément modifiable volontairement. Elle dépend en même temps des besoins physiques du corps et de l’état intérieur. La respiration est le lieu de rencontre du physique et du psychique.
L’observation de la respiration, comme celle de la posture, permet de mieux saisir la manière dont une personne vit dans son corps, en correspondance avec ses attitudes de vie. Les blocages respiratoires psychosomatiques sont de plusieurs ordres : difficultés à inspirer ou à expirer, rythme irrégulier ou saccadé, pauses respiratoires, non utilisation de zones …
La respiration : la difficulté à inspirer profondément traduit un manque profond de désir de vivre.
Il semble difficile de trouver un sens à la vie. C’est souvent en relation avec une naissance difficile ou non désirée par les parents. La personne a du mal à assumer ses besoins, à croire qu’elle puisse être satisfaite ; elle ne croit pas en ses ressources personnelles. Physiquement, elle se retrouve souvent dans l’attitude et la posture de la « victime » et elle se sent déprimée. Elle a tendance à rester sans air et à faire une pause à la fin de l’expir.
La difficulté à expirer profondément montre le souci de se contrôler, de ne pas se laisser aller.
Il y a une peur profonde de ne pas se sentir à la hauteur, de montrer ses faiblesses. Cela conduit à construire une image de soi, et souvent à faire preuve d’un comportement suffisant ou autoritaire. On retrouve là les caractéristiques du « lutteur », avec la poitrine bombée en avant. Il y a une tendance à retenir sa respiration à la fin de l’inspiration comme pour voir si l’on peut expirer.
Dans les situations de stress, en particulier les situations émotionnelles, on peut avoir tendance à bloquer la respiration pour se contrôler.
Le blocage de la respiration est un des moyens de refuser d’entrer en contact avec notre ressenti d’une situation, un moyen de refouler nos émotions. On peut le comparer au couvercle d’une cocotte- minute.
Pour cela, comme pour inhiber une expression, on va contracter les muscles qui servent à l’inspiration et empêchent l’expiration profonde et on va maintenir ainsi, de façon permanente, ces tensions musculaires pour éviter le retour de l’émotion.
On peut aussi, inversement, chercher à maintenir volontairement une respiration régulière et profonde - ce qui est différent d’une respiration régulière et ample qui se fait naturellement - chaque stress étant intégré à fur et à mesure par un comportement adapté et répondant aux besoins personnels. Cela entraîne une expiration toujours volontaire et contrôlée qui, tout en apportant un certain calme, va empêcher la personne de se relâcher en profondeur. Cette réaction aboutit progressivement à une certaine insensibilisation du corps et à des difficultés relationnelles, car on empêche alors la respiration de traduire la vie psychique.
Les blocages respiratoires sont toujours en relation avec un ensemble de tensions musculaires, qui incluent celles des muscles respiratoires, caractérisant ainsi l’attitude de vie et la posture de la personne. Nous relions les blocages en inspir et en expir aux attitudes de la victime et du lutteur qui ont servi de base à l’analyse corporelle. L’analyse des blocages des différentes zones respiratoires en relation avec leur sens psychosomatique complète cette vision :
Le blocage de la respiration abdominale montre le refus d’entrer en contact avec notre vie instinctive, en particulier avec notre sexualité.
Pour bloquer la respiration abdominale, on contracte les muscles abdominaux et on empêche alors tout mouvement du diaphragme. C’est l’image du « ventre creux ».
Une autre manière de refuser la sexualité, souvent inconsciemment, est de respirer « à l’envers », c'est-à-dire de creuser le ventre à l’inspir et de le gonfler à l’expir, avec souvent une accumulation de colère rentrée.
Dans ces deux cas, la contrainte du mouvement du diaphragme peut entraîner des problèmes de circulation sanguine dans les jambes, de la constipation et des problèmes digestifs, des congestions du bas-ventre ainsi que des douleurs au niveau des dernières vertèbres dorsales (points d’attache du diaphragme), accompagnés d’un manque de mobilité du bassin et de problèmes de hanche.
La personne se coupe de ses racines et empêche l’énergie de circuler dans ses jambes. Elle s’appuie plutôt sur ses talons, en adoptant une position de recul par rapport à la vie, et elle bombe la poitrine pour équilibrer le déplacement du poids du bas de son corps vers l’arrière.
Le blocage de la respiration costale, en particulier latéralement, peut traduire, quand il y a blocage en expiration, une difficulté à vivre ses émotions.
La personne a des difficultés dans ses contacts, se referme sur elle-même et s’exprime peu, que ce soit par des gestes ou par la parole. L’énergie circule mal dans ses bras et elle présente des tensions dans le milieu du dos, une oppression dans la poitrine et des douleurs au plexus solaire. Son dos est généralement voûté, avec souvent une scoliose qui traduit sa difficulté de s’affirmer et de trouver sa place. Son poids se déporte plutôt vers l’arrière. Elle compense cela par l’avancée de sa tête.
De façon contraire, les dernières côtes et la poitrine peuvent être bloquées en ouverture, montrant une tendance à prendre toute la place, à ne pas tenir compte des autres. Le poids qui se déplace vers l’avant est retenu par la raideur des genoux, ce qui entraîne des tensions dans l’arrière du corps. On retrouve les caractéristiques du blocage en inspiration, avec souvent une grande tristesse retenue.
Le blocage de la zone claviculaire empêche l’énergie de circuler dans la tête et s’accompagne de tensions dans la gorge.
L’enfoncement de cette zone traduit la plupart du temps de la crainte et de la peur, en particulier de ne pas être aimé. Cela entraîne des sensations d’étouffement, des problèmes de bronches, des douleurs dans le cou dont la cambrure va compenser le retrait thoracique. Souvent le ventre et la tête avancent, dans une attitude de demande infantile, en déplaçant le poids vers l’avant des pieds et en bloquant les genoux. La personne a du mal à sentir sa verticale et à accepter la solitude propice au retour sur soi et à une vie intérieure.
Par contre, si une respiration est uniquement localisée dans cette zone, elle devient facilement rapide et saccadée, compte tenu du faible volume d’air qu’il est possible d’inspirer ainsi. Elle s’accompagne alors d’une hypersensibilité et d’une grande fébrilité, la personne réagissant de manière exagérée au moindre événement.
Ces éléments sont observés pendant les séances et donnent des indications importantes sur la façon de vivre du patient et des pistes sur les origines des blocages qu'il vit, à la fois dans son corps et dans sa vie.
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